Lors de la première moitié du XVIe siècle, la société de la ville la plus prospère de l’Algarve avait les ressources nécessaires pour construire et orner de nouveaux temples et de nouveaux palaces avec des œuvres au mérite artistique. Tavira devient vite un centre avec grande activité architectonique, marquée par l’introduction d’un nouveau goût italien, Renaissance, un fait qui se retrouve dans un grand nombre de documents qui mentionnent des ouvrages commandés «au romain», faits «de pierres taillées romaines», au style «romain moderne». À cette période, l’architecte local André Pilarte est l’un des artistes incontournables dans le contexte du paysage de construction de Tavira mais aussi de toute la région du Sotavento. Cet artiste très recherché à Tavira, venait des chantiers du Monastère des Hiéronymites à Lisbonne, où il avait travaillé. Vers l’an 1530, il s’était à nouveau installé à Tavira, sa ville natale, où il fait l’ébauche et dirige la construction de l’église da Misericórdia (Miséricorde), 1541-51, et réalise d’autres ouvrages Renaissance importants. Dès la deuxième moitié du XVIe siècle, le déclin économique et stratégique de la ville est visible et s’aggrave avec l’abandon de certaines possessions dans le Nord de l’Afrique, la domination espagnole et l’ensablement progressif du Gilão, ce qui a provoqué une diminution du mouvement commercial dans le port de Tavira. Malgré la perte d’importance de la ville, de nouvelles constructions voient le jour, dans le style austère «chão», un style caractérisé par la sobriété formelle et par l’absence d’éléments décoratifs, des valeurs qui marqueront l’architecture jusqu’à l’apparition du baroque au XVIIIe siècle.